Bande dessinée

L'Age d'or de Cyril Pedrosa tome 1 et 2 by Herwann Perrin

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Relisons tout d’abord ces quelques lignes écrites sur l’Age d’Or:

“L’Âge d’Or et le Paradis représentent deux figures d’un bonheur originel perdu. Dans la tradition gréco-latine, l’Âge d’Or est un état primordial où les hommes vivent sans souffrir ni vieillir, où la nature généreuse les dispense du travail, où règnent la paix et la justice : la race d’Or vit encore dans la proximité des dieux.

Cette même proximité est celle d’Adam et Ève au jardin d’Eden. Lieu de délices et de perfection, le Paradis comporte en son centre un source d’eau vive qui se divise en quatre fleuves qui vont irriguer le monde, et deux arbres, "l’arbre de vie par lequel l’homme pouvait devenir immortel, l’arbre du Bien et du Mal, par lequel il pouvait devenir mortel." Pour l’essentiel de la tradition chrétienne, le Paradis est sur la terre, à l’orient ou à l’occident, mais son accès est désormais interdit aux hommes.

Pour beaucoup d’utopistes, en particulier au XIXe siècle, il faut inverser le sens du temps, en plaçant l’Âge d’Or, non plus au commencement, mais à la fin, comme le terme de l’histoire et du progrès. En fait, dans le mythe  hesiodique de l’Âge d’Or, le temps est cyclique ; et dans la tradition judéo-chrétienne, la venue du Messie est une promesse de restauration.

Et puis l’interprétation chez quelques auteurs de renom….

Hésiode
D’or fut la première race d’hommes périssables que créèrent les Immortels, habitants de l’Olympe. C’était aux temps de Cronos, quand il régnait encore au ciel. Ils vivaient comme des dieux, le cœur libre de soucis, à l’écart et à l’abri des peines et des misères : la vieillesse misérable sur eux ne pesait pas ; mais, bras et jarrets toujours jeunes, ils s’égayaient dans les festins, loin de tous les maux. Ils mouraient comme en s’abandonnant au sommeil. Tous les biens étaient à eux : le sol fécond produisait de lui-même une abondante et généreuse récolte, et eux, dans la joie et la paix, vivaient de leurs champs, au milieu de biens sans nombre. Depuis que le sol a recouvert ceux de cette race, ils sont, par le vouloir de Zeus tout-puissant, les bons génies de la terre, gardiens des mortels, dispensateurs de la richesse.
Les Travaux et les Jours, VIIIe s. av. J.-C.

Genèse, II, 8-10
Yahvé Dieu planta un jardin en Éden, à l’orient, et il y mit l’homme qu’il avait modelé. Yahvé Dieu fit pousser du sol toute espèce d’arbres séduisants à voir et bons à manger, et l’arbre de Vie au milieu du jardin, et l’arbre de la connaissance du Bien et du Mal. Un fleuve sortait d’Éden pour arroser le jardin et de là il se divisait pour former quatre bras.

Lactance
Quant au paradis, il le fit entourer d’un mur de feu, afin que l’homme ne pût y accéder, jusqu’au jour où il tiendrait un jugement suprême sur la terre et où, une fois la mort détruite, il appellerait en ce même lieu les hommes justes qui lui auraient rendu un culte.
Institutions divines, IVe s.

On ne manquera pas de relire si le coeur nous en dit UTOPIA de Thomas More et à ne pas confondre avec la série UTOPIA sur Prime video …. voir la cité du Soleil de Campanella ou encore


Voilà on peut y aller et ce plonger dans ces deux beaux ouvrages de Cyril Pedrosa (on aura évidemment lu auparavant dans un tout autre registre Portugal vieille découverte puis Equinoxes)

L’histoire est celle de la princesse Tilda, de sa reconquête du pouvoir dans l’univers moyenâgeux bien connu des révoltes paysannes, la guerre, le siège, les utopies et puis le temps qui passe et le temps de la guerre qui change, transforme tout un chacun rarement dans le bon sens d’ailleurs… L’histoire d’un livre aussi, de la force intrinsèque de l’écrit et de ce qu’il peut véhiculer, de cette aspiration à la transformation, au changement derrière la révolte c’est aussi la question de la corruption absolu du pouvoir qui n’épargne personne, mais aussi celle de la pureté et de l’innocence qui seule peut sauver le monde ou presque… Bon il y a plus de 400 pages donc il vaut mieux que vous vous fassiez votre idée sur ce beau conte utopique, socialiste…

Bien entendu, vous remarquerez tout de suite les couleurs encore et toujours chez lui, cette force qui illumine tout simplement ces oeuvres, cette flamboyante, cette force, ce foisonnement graphique qui vous attire, vous absorbe littéralement.

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On notera que le récit du tome 1 et du tome 2 ne reprenne pas de façon linéaire comme l’indique Cyril Pedrosa lui-même : “Entre les deux volumes, la guerre s’est préparée. On voulait faire un bond dans le temps important pour pouvoir, par contraste, montrer comment Tilda s’était transformée en quelques années. Elle est devenue une guerrière toute-puissante enivrée de son pouvoir. Nous voulions voir comment cela résonne avec les mouvements qui se jouent dans son peuple. Elle est dévorée par le mal du pouvoir”.

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Peau de Milles Bêtes de Stéphane Fert by Herwann Perrin

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On commence par Peaux de mille bêtes de Stéphane Fert qui après après avoir revisité la légende arthurienne (pas encore lu) vient revisiter le célèbre conte de Perrault Peau d’âne et de Peau de Mille Bêtes de Grimm avec une majesté tout à fait remarquable. Conte gothique aux allures mélodramatique et drolatique également du fait de la déclinaison opus moderne que celle d’alors. On est étonné par cette princess Ronce, forte femme et de cette sorcière fée qui ma foi est attachante tout autant que le petit poète botaniste qui s’éprend de la belle tandis que le roi Lucane est d’un noir possessif et incestueux

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Plongez vous avec délice dans cet univers ou les couleurs s’éparpillent au milieu du noir, éclatent de toutes parts, un très bel opus

Vous pouvez approfondir le sens caché de ces deux contes en lisant le très intéressant article de Frédéric Caumont intitulé “Peau d'âme. Enjeux psychiques de la séparation père-fille d'après le conte de Peau d'âne

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Les chroniques de Corum et Elric de Melniboné de Michael Moorcock by Herwann Perrin

Histoire d’une découverte qui en a amenée pleins d’autres…

Appréciant les bandes dessinées que j’aime à manipuler mais également de les feuilleter numériquement sur une tablette adéquate je suis abonné depuis maintenant depuis quelques années à Iznéo une plateforme ou l’on peut s’abonner et/ou acheter des bandes dessinées ce qui m’arrive régulièrement

En me baladant dans les livres offerts, je suis tombé par le plus grand des hasards sur Les chroniques de Corum, le Chevalier des Épées de Mike Baron et Mike Mignola inspiré de Michael Moorcock dont je n’avais pas entendu parlé, honte à moi, jusqu’à ce jour.

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Me voilà plongé dans cette bande dessinée qui ma foi sous ces airs vieillots (elle date de 1987) interpelle et intrigue à plus d’un titre par les univers qui y sont dépeints. On se retrouve dans un temps immémorial avec les Vadhnaghs et les Nhadraghs (ne vous inquiétez pas vous n’arriverez pas à les prononcer…) côtoient dans leurs forteresses impénétrables jusqu’alors loin les Hommes (Mabdens). Nos ancêtres se sont réveillés de leur torpeur de leur esclavage et affrontent les “dieux” d’alors. Le prince Corum devient l’un des derniers Vadhnaghs et va essayer de se dresser contre cette fin quelque peu inéluctable qui se dessine. Glandyth-A-krae devenant son ennemi mortel.


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Il devient l’archétype du chevalier éternel, la sorcellerie s’invite chez lui avec Rhalina qui ira jusqu’à convoquer les morts pour le sauver et Corum devra partir sauver son amour. Il rencontrera Shool-an-jyvan sorcier-dieu qui lui expliquera ce qu’il attend de lui et s’il connaît le chevalier des épées qui règne sur les 5 plans. Le voilà partit dans une quête et il héritera pour être à nouveau complet et parvenir à ses fins à certains pouvoir à travers la main diabolique de Knvll et l’oeil de Rhynn. 

On le retrouve alors croisant le chemin du dieu écumant, le duc Arioch seigneur de l’enfer, chevalier des épées se rebellant et devenant comme l’indique Alex Racunica “le Champion Eternel, l’agent de l’équilibre et de la balance cosmique dans un monde déchiré entre l’ordre et le Chaos et menacé de destruction”.

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Le deuxième tome peut commencer avec la reine des épées et la rencontre si fortuite mais si entrainante qu’est celle de Jhary-A-Conel qui a bien des noms, qui est parfois un héros mais bien plus souvent le compagnon d’un héros, en l'occurrence il suivra Corum dans ses aventures avec son fidèle compagnon le chat ailé Moustache et on découvrira les arcanes secrètes qui mêlent les plans et les héros qui se retrouvent sous diverses apparences avec Hawkmoon, Elric dont je reparlerai bien assez tôt et Erekosé

Il devra se dépasser, traverser le lac des voix, traverser la plaine de sang, rencontré le roi Noreg dan pour aller jusqu’à la pyramide, se battre avec le Ghanh et se heurter de plein fouet à la horde du chaos et finalement affronter la reine Xiombarg. les basculement entre les plans pour sauver les derniers Vadhnaghs retrouvés et susciter la venue de la balance cosmique et son châtiment ... 

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Dans le Roi des épées, on rencontre par la bande Ykroon (ancien humain devenu démon et on en reparlera bientôt...) et son maître Mabelode, la fin des temps ou plutôt l’espace ou le temps se confond et où les mimétismes se réconcilier. L’appel des Trois qui fera venir Elric de Melniboné et où l’on retrouvera Erekosé. La rencontre finale avec Kwill dans l’éternelle Tanelorn qui marquera le début de la fin du cycle…

Bon vous l’aurez compris une bande dessinée aux nombreuses ramifications et plus encore si l’on poursuit. En effet, après cette lecture enivrante quelques recherches mon amené sur l’article de Philippe Paygnard sur Le Belial Editions et me voilà alors plongé dans un passé inconnu qui m’incite à me replonger dans la longue liste des écrits qui gravitent autour de Corum avec notamment Elric de Melniboné et les aventures de l’empereur albinos, d’Yyrkoon son cousin qui convoite le trône de rubis et de Cymoril sa soeur et amante d’Elric.

Dans cette perspective je me suis lancé à coeur vaillant et battant dans la version anglaise de Pacific Comics par Roy Thomas, Craig Russel et Michael T. Gilbert. Ensuite j’ai pu enchaîner avec les différents épisodes proposés par First Comics par Roy Thomas, Michael T. Gilbert et George Freeman pour enfin arriver à la version plus contemporaine et récente qui est paru chez Gléant récemment (depuis 2013) avec aux commandes Julien Blondel, Didier Poli, Robin Recht et Jean Bastide. 

Cette dernière version donne avec les 3 premiers tomes (le 4ème est à paraître en 2021…) une lumière tout à fait renouvelée et saisissante de cette histoire millénaire ce qui d’ailleurs semble partagé par de nombreux auteurs de bandes dessinées et comics qui ont lu les différentes séries. Michael Moorcock lui-même reprenant l’historique des différentes publications dans l’avant propos du trône de Rubis et qui indique : “Cette adaptation d’Elric est peut-être la première à pleinement saisir la notion d’absolue décadence que j’ai cherché à dépeindre dans mes livres”.


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Le trône de Rubis est un petit bijou qui comme vous pourrez le voir nous emmènes sur la mythique iles des dragons où l’on découvre, redécouvre Elric de Melniboné dans un cadre grandiose, le trône de Rubis étincelle, sa santé fragile le rend dépendant des drogues et devant la traîtrise de Yyrkoon il est mis en défaut et il faudra que le pacte millénaire que sa famille à nouée par le passée réveille Straasha pour qu’il survive er revienne. les errances de son cousin et la disparition de celle qu’il aime fera entrer en scène Arioch 

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L’ensemble des planches sont sublimes, un travail d’orfèvre où le grandiose, l’immensité et la décadence se mêlent; on peut penser par moment à des décors hérités de Lovecraft et de ses mondes presques irréels, hallucinés. Le travail réalisé tant sur l’architecture que sur les personnages, le mouvement dans les planches est d’une beauté rare.

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Avec Stormbringer c’est un autre chapitre d’Elric qui s’ouvre et pas des moindres. la quête d’une des filles noires d’Arioch passe par une alliance de sang tout d’abord. s’ensuit alors la course aérienne au travers des jeunes royaume pour retrouver le cousin maudit et Cymoril. les vieilles alliances sont là et Grome n’en a que faire…. C’est dans les ruines de l’antique Dhoz-Kam qui a des allures de tour maudite que la mort fera son apparition et le combat immémorial entre Stormbringer et Mournblade des épées avides d’âmes et le départ.

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Avec Le loup blanc c’est une sorte de retour qui s’annonce. C’est également la rencontre avec Saxif d’aan et son île hors du temps, son exil par amour qui n’est pas sans rappeler celui d’Elric lui même…

Une saga qui n’est pas terminée et que l’on veut découvrir à tout prix….

En 2017, Neil Gaiman indique dans l’avant propos “ j’ai internalisé les livres : ils sont devenus une part de moi-même, à un niveau très intime. Parfois, quand on me demande d’évoquer mes influences, j’oublie de parler de Michael Moorcock, parce que le travail de Mike, englouti, lu, relu et absorbé alors que j’étais encore en train de me former, est moins une influence sur ce que je suis et la façon dont je pense que la fondation même de tout cela” 

Pour terminer, il me reste à attendre 2021 et en attendant à me plonger peut être dans les écrits de Druillet et la vieille version chez Helix DC comics de Michael Moorcock’s multiverse pour me perdre joyeusement encore un peu plus...

In Waves d'AJ DUNGO by Herwann Perrin

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Vous lirez souvent qu’il s’agit d’un récit sur le deuil… c’est plutôt un récit sur la vie et la force qu’elle entretien chez nous, chez vous, chez tous ceux qui arrivent à en extraire la substantifique moelle.

Une histoire d’amour entre un jeune lycéen, l’auteur et Kristen qui va se battre contre la maladie et vivre la vie qui est la sienne fait de beauté irradiante et de malheurs tout aussi difficiles. Une rencontre entre deux êtres, une rencontre qui façonne la vie de chacun et qui a permis de côtoyer une belle personne « le plus bel être humain à avoir jamais foulé cette terre » et tout cela avec l’histoire du surf en baseline, ligne directrice qui nous en apprend beaucoup sur les origines de la discipline et surtout sur quelques figures emblématiques que sont par exemple Tom Blake et la révolution q’il amena dans le surf et les planches et le grand et unique Duke Kahanamoku figure tutélaire s’il y en a une

Un très beau roman graphique autobiographique

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Penss et les plis du monde de Jérémie Moreau by Herwann Perrin

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Ceux qui ont lu La saga de Grimr connaisse déjà la beauté des dessins de Jérémie Moreau, beauté à laquelle s’ajoute aujourd’hui une réflexion philosophique atypique qui ma foi est quelque part galvanisante.

Ce piètre chasseur des temps préhistoriques a plutôt des prédispositions pour la philosophie et la contemplation et est aux antipodes des préoccupations qui devraient l’habiter en ces temps difficile qu’étaient ceux de nos ancêtres

Et puis de cette réflexion, contemplation qui va presque lui coûter la vie va naître autre chose, une découverte, une terra-transformation naturelle si l’on peut dire qui voir le jour, qui va faire basculer l’Homme, les hommes et femmes qu’ils côtoient vers un autre monde, une autre manière de voir le Monde et de se l’approprier, le faire sien

Une très belle épopée à découvrir